Chronological aspects of ultrasonic, hormonal, and other indirect indices of ovulation »
René Ecocharda,*, Hans Boehringerb, Muriel Rabillouda, Henri Marretc
Traduction de l’anglais par Delphine Olive
Objectif : Améliorer la prédiction de l’ovulation dans le cadre de cycles normaux.
Conception : Collecte des caractéristiques des femmes et de leurs cycles menstruels. Contrôle et analyse des rapports temporels entre plusieurs indicateurs de l’ovulation : échographie transvaginale, glaire cervicale, température basale, hormone lutéinisante dans les urines et ratio de l’œstrogène par rapport aux métabolites de la progestérone urinaires.
Mise en place : Chacune des huit cliniques de planification familiale naturelle devait étudier 12 femmes pendant au moins trois cycles.
Population : Cent sept femmes fertiles présentant des cycles normaux, âgées de 18 à 45 ans.
Méthodes : Mesures quotidiennes de l’hormone lutéinisante, l’hormone folliculo-stimulante, l’oestrone-3-glucuronide et la pregnanediol-3α-glucuronide dans les urines. Enregistrement de la température basale et analyse de la glaire cervicale. Échographie transvaginale des ovaires.
Principaux résultats mesurés : Décalages entre le jour attendu de l’ovulation en fonction du pic de l’hormone lutéinisante ou de l’échographie et les jours attendus selon les autres indices d’ovulation.
Résultats : L’échographie a permis de prouver l’ovulation dans 283 cycles sur 326. L’intervalle moyen entre le pic de l’hormone lutéinisante et la preuve par échographie était de moins d’un jour (+0,46), mais l’on a observé des dates d’ovulation attendues selon le taux de l’hormone lutéinisante précoces dans presque 10 % des cycles ou en retard dans 23 % des cycles. On a observé une montée de la température basale dans 98 % des cycles. Le symptôme de pic de glaire cervicale, la chute rapide des taux dans les urines et la montée initiale de l’hormone lutéinisante ont tous été proches de la preuve d’ovulation par échographie dans plus de 72 % des cycles.
Conclusions : Pour des raisons de précision et des raisons pratiques, le symptôme de pic de glaire cervicale, le ratio des métabolites dans les urines et la montée initiale de l’hormone lutéinisante sont probablement de meilleurs indices d’ovulation que le pic de l’hormone lutéinisante.
a Biostatics Unit, Department of Medical Information, Hospices Civils de Lyon, France
b Quidel Corporation, San Diego, USA
c Department of Obstetrics and Gynaecology, Hospices Civils de Lyon, France
* Correspondance : Dr R. Ecochard, Département d’Information Médicale, 162 avenue Lacassagne, 69424 Lyon Cedex 03 – France.
INTRODUCTION
Il existe pléthore de techniques prétendant prédire l’ovulation1,2 ; dont la plupart sont des méthodes indirectes. La laparoscopie est la méthode directe de référence pour observer l’ovulation mais elle est techniquement difficile à réaliser et irréaliste à utiliser au quotidien. C’est pourquoi les nouvelles techniques de prévision de l’ovulation sont souvent évaluées par rapport au pic de l’hormone lutéinisante de milieu de cycle ou à la recherche par ultrasons (échographie).
En effet, ces deux dernières références restent imparfaites. De plus, elles ne sont pas équivalentes. Le pic de l’hormone lutéinisante a été largement évalué, comparé avec une laparoscopie directe3 ; mais cela reste un indice indirect du jour attendu de l’ovulation (date d’ovulation prévue en fonction de l’hormone lutéinisante) et il est souvent sujet à des variations biologiques4. D’un autre côté, et bien qu’elle soit moins précise que la laparoscopie5-9, la détection par ultrasons du jour de l’ovulation (échographie) est une méthode directe. Cependant, elle a pour inconvénient de présenter le risque d’interprétations subjectives de la morphologie des ovaires par ultrasons.
Le choix de l’une des deux méthodes est crucial, particulièrement pour évaluer la longueur de la période fertile10 ou tester de nouvelles méthodes de planification familiale11-13. Il est par conséquent nécessaire de comparer systématiquement la date prévue de l’ovulation selon le taux d’hormone lutéinisante et l’échographie en tant que jours de référence actuels, ainsi que d’étudier les décalages temporels entre chaque méthode et d’autres indices indirects de l’ovulation.
Au milieu des années 1990, une banque de spécimens d’urine de première miction, prélevés au lever, a été établie par Quidel Corporation, à San Diego, en Californie, États-Unis. La présente étude a pour but d’évaluer les écarts entre la date d’ovulation attendue en fonction de l’hormone lutéinisante et de l’échographie, ainsi que de décrire les corrélations temporelles entre ces deux éléments et plusieurs autres indices d’ovulation indirects.
MÉTHODES
Le protocole d’étude a été écrit pour une étude collaborative multicentre sous l’égide de l’Université Claude Bernard, à Lyon, en France. Elle a été approuvée par le Comité consultatif de protection des personnes dans la recherche biomédicale de Lyon. Les sujets ont été recrutés dans huit cliniques de planification familiale naturelle situées à Aix-en-Provence, Dijon, Lyon (France) ; Milan et Vérone (Italie) ; Dusseldorf (Allemagne) ; Liège (Belgique) ; et Madrid (Espagne). Chaque clinique devait étudier 12 femmes ou plus pendant au moins trois cycles menstruels. Les femmes ont été informées de l’objectif de la recherche et étaient libre de se retirer de l’étude à tout moment. Toutes les participantes ont donné leur consentement éclairé par écrit et les procédures de recherche ont été menées conformément au code d’éthique sur l’expérimentation humaine établi par la Déclaration d’Helsinki.
Pour être incluses dans l’étude, les femmes choisies devaient être réglées et apparemment en bonne santé, âgées de 19 à 45 ans inclus, présentant des cycles menstruels d’une longueur de 24 à 34 jours inclus, et ayant une expérience des méthodes de planification familiale naturelles (température basale et signes de glaire cervicale). Les participantes potentielles suivantes ont été exclues : les femmes avec des cycles anovulatoires fréquents ; les femmes suivant des programmes de stimulation des réponses hormonales pour des raisons de fertilité ; les femmes suivant des programmes de contraception orale, transdermique ou autre programme contraceptif hormonal ; les femmes suivant un programme d’avortement médicamenteux (< 3 mois précédents) ; et les femmes sous hormonothérapie substitutive. Les femmes présentant des cycles anormaux (syndrome des ovaires polykystiques ou manque de lutéine), les femmes présentant des antécédents de problèmes de fertilité, ayant subi une hystérectomie, une ligature d’une ou des deux trompes ou souffrant d’une maladie inflammatoire pelvienne, ainsi que les coureuses, les femmes allaitantes ou en période post-partum (< 3 mois précédents) ont également été exclues. Au final, cent sept femmes ont été recrutées.
Les recherches
La température basale a été prise quotidiennement au réveil, avant toute activité, et enregistrée sur un graphique individuel spécial contenant la date, le jour du cycle et tout état pouvant affecter la température (par ex. le stress, une maladie ou une insomnie). Le nadir de la température basale a été suggéré comme indicateur de l’ovulation (date attendue d’ovulation en fonction de la température basale) et défini comme le point le plus bas de la courbe de température, observé à la base de la montée correspondant à la phase hyperthermique14-15. Nous avons également adopté la méthode de calcul de la moyenne des températures afin de déterminer le changement entre la phase hypothermique et la phase hyperthermique16,17 : la température moyenne sur six jours consécutifs a été calculée et le changement (montée de la température basale) identifié dès qu’une température se trouvait 0,2-0,3 °C au-dessus de cette moyenne3.
La glaire cervicale à l’entrée du vagin a été évaluée deux à trois fois par jour afin de noter la sensation (sec, humide, mouillé, glissant) et la consistance (collant, crémeux, élastique) sur le graphique de la température basale. Le dernier jour de glaire claire, élastique et/ou lubrifiante a été nommé le symptôme de pic de glaire18,19 et désigné ci-après comme jour attendu d’ovulation selon la glaire cervicale.
Chaque matin, des échantillons d’urine ont été collectés et préparés dans trois à cinq aliquotes de 10 à 12 mL dans des tubes contenant du sulfate de gentamicine. Les tubes ont été congelés à -20 °C jusqu’à analyse. Quotidiennement, les sujets devaient effectuer deux tests rapides avec l’urine du matin : le test d’ovulation Bluetest Ovulation (Quidel) et le test d’hormone lutéinisante Conceive (Quidel). Les résultats de ces deux tests devaient être notés sur le graphique de la température basale. Cela permettait de détecter le début de la montée de l’hormone lutéinisante et de déterminer le jour approprié pour démarrer l’échographie transvaginale. Les spécimens d’urine congelés ont été testés, à l’aide d’un dosage fluorimétrique d’immuno-absorption enzymatique (Delfia), pour déterminer la quantité des hormones oestrone-3-glucuronide (E1-3-G), pregnanediol-3α-glucuronide (Pd-3α-G), de l’hormone folliculo-stimulante et de l’hormone lutéinisante. Tous les échantillons d’un même sujet ont été testés en double exemplaire dans le même test et les résultats ont été ajustés à la créatinine. Les variations inter-tests ont été négligeables ; tous les échantillons d’urine ont été décongelés une fois et analysés en une seule session. Les variations intra-tests ont été calculées comme des différences relatives : (|valeur1-valeur2|)/valeur moyenne. Ces variations ont été de 5,7 %, 6,8 %, 7,9 % et 8 % pour la Pd-3α-G, la E1-3-G, l’hormone lutéinisante et l’hormone folliculo-stimulante respectivement.
La montée initiale de l’hormone lutéinisante dans l’urine de la première miction (hormone lutéinisante-IR) a été déterminée comme la première valeur trois fois supérieure à la moyenne des six précédentes valeurs de la ligne de base. Le pic d’hormone lutéinisante dans les urines, qui est proche de l’ovulation (date attendue de l’ovulation en fonction de l’hormone lutéinisante), a été défini comme la valeur la plus élevée, précédée et suivie par des valeurs plus faibles, et au moins trois fois supérieure à la moyenne des valeurs de la ligne de base. Lorsque deux valeurs de pic de magnitude identique se présentaient, la première était retenue. De plus, le taux urinaire de E1-3-G/Pd-3α-G ayant été proposé comme un moyen de déterminer le jour de l’ovulation1, 20, nous avons calculé ce taux selon l’algorithme de Baird, qui est une amélioration de l’algorithme de Royston20.
L’échographie transvaginale a été utilisée afin de contrôler chaque ovulation. Ce contrôle devait être effectué dès l’apparition de glaire fertile et/ou la montée de l’hormone lutéinisante, tel que détecté par les tests rapides. L’échographie a été d’abord effectuée chaque jour jusqu’à l’observation de follicules de 16 mm, puis quotidiennement jusqu’à avoir la preuve de l’ovulation. Le jour de l’ovulation (selon l’échographie, ou JO-écho) a été défini comme l’écart de 24 heures entre la visualisation d’un follicule mature sur une image et l’apparition d’un follicule rompu ou d’un corps jaune précoce, et/ou de fluide libre dans le cul-de-sac, lors des images suivantes5. Plus précisément, les signes de lutéinisation et/ou de rupture du follicule visibles par ultrasons étaient soit une disparition soit une modification de la taille, la forme ou la densité échographique2.
Analyse statistique
Les valeurs moyennes de concentrations d’hormones pendant le cycle menstruel ont été exprimées en pourcentage des valeurs maximum et étudiées graphiquement avec le JO-écho comme point central21. Les corrélations temporelles entre la date d’ovulation attendue en fonction de l’hormone lutéinisante et le JO-écho ont été étudiées à la fois graphiquement et à la fois par le test des rangs signés de Wilcoxon pour des échantillons appariés. Un examen systématique des données du cycle a été mené dès que des écarts ont été constatés. D’autres indicateurs (température basale, Pd-3α-G, date d’ovulation attendue selon le ratio) ont alors été pris en compte afin de confirmer les indications de l’échographie. Tout d’abord, nous avons comparé les corrélations temporelles entre la date d’ovulation attendue en fonction de l’hormone lutéinisante ou l’échographie et d’autres indicateurs indirects sur le graphique ; puis, dans un deuxième temps, nous avons comparé la proportion de cycles présentant moins de deux jours de décalage avec la date d’ovulation attendue en fonction de l’hormone lutéinisante et l’échographie ; puis, dans un troisième temps, nous avons comparé les écarts types des intervalles entre les indicateurs indirects et la date d’ovulation attendue en fonction de l’hormone lutéinisante ou l’échographie, respectivement. Toutes les analyses ont été effectuées à l’aide du logiciel de statistiques S-PLUS (MathSoft, Inc.). La significativité statistique fut définie telle que P < 0,05 dans toutes les analyses.
RÉSULTATS
Le tableau 1 présente les caractéristiques des sujets sélectionnés. L’âge moyen des femmes était de 33,1 ans (l’écart-type étant de 5,9, sur une plage allant de 19 à 45) et elles présentaient une médiane de deux grossesses passées (plage 0-6). Le nombre total de cycles s’élevait à 326 et la longueur moyenne d’un cycle était de 28,46 jours (écart-type 3,55, plage 22-48). En moyenne, chaque femme a contribué pour environ trois cycles menstruels. Pour être plus précis : 22, 74, 5 et 6 femmes ont respectivement contribué pour quatre, trois, deux et un cycle(s). Durant l’étude, quatre grossesses ont eu lieu ; elles ont été diagnostiquées par le taux de hCG dans les urines à la fin des cycles, puis confirmées par échographie. Les courbes de température basale ont été déterminées soit en courbe biphasique, soit en courbe monophasique grâce à la méthode de calcul de la moyenne de température16,17. Dans l’ensemble, 310 cycles (95 %) présentaient des courbes de température biphasiques ; les 16 autres étant monophasiques. Notre analyse plus approfondie s’est restreinte aux cycles menstruels pour lesquels un JO-écho (date d’ovulation confirmée par échographie) pouvait être identifiée. En fait, dans 28 des 326 cycles menstruels (9 %), la première recherche par échographie avait été réalisée trop tard (le follicule s’était déjà rompu) et nous n’avons pas obtenu confirmation par échographie de l’ovulation dans 15 autres cycles, ce qui nous a laissé 283 cycles pour poursuivre la présente analyse (87 %). L’hormone lutéinisante-IR a été identifié dans 273 sur les 283 cycles restants (96,5 %), la date d’ovulation attendue en fonction de l’hormone lutéinisante et la date d’ovulation attendue en fonction du ratio dans 272 cycles (96,5%). La montée de la température basale a été identifiée dans 277 cycles (97,9 %), bien que le nadir de la température basale a été identifié dans tous les cycles. La date d’ovulation attendue en fonction de la glaire cervicale a été détectée dans 215 cycles (76 %).
La figure 1 montre les changements moyens dans les concentrations de quatre hormones ovariennes et hypophysaires/pituitaires sur les 283 cycles menstruels, en prenant le JO-écho comme référence. La montée de E1-3-G pré-ovulatoire a commencé cinq à six jours avant l’ovulation. Un autre pic post-ovulatoire plus faible a été observé 6 à 11 jours après l’ovulation. La concentration de Pd-3α-G a augmenté rapidement avant l’ovulation et a atteint son plateau environ sept jours après l’ovulation. L’hormone folliculo-stimulante et le pic de E1-3-G ont tous deux été observés le jour de l’ovulation, suivi du pic de l’hormone lutéinisante. Une montée antérieure plus faible de l’hormone folliculo-stimulante a commencé avant les règles ; la concentration a atteint son maximum au début du cycle, suivi d’une diminution jusqu’à deux jours précédant l’ovulation suivante.
Comme le montre la figure 1, la courbe d’hormone lutéinisante a montré un pic le jour suivant le JO-écho. La figure 2 montre une distribution par histogramme des décalages entre la date d’ovulation prévue en fonction de l’hormone lutéinisante et le JO-écho. La distribution de la date d’ovulation prévue en fonction de l’hormone lutéinisante est centrée autour du JO-écho. Cependant, le délai moyen entre la date d’ovulation prévue en fonction de l’hormone lutéinisante par rapport au JO-écho était de +0,46 jours, ce qui est significativement différent de 0 (P < 0,01). Dans 184 cycles sur 272 (67,6 %), le pic d’hormone lutéinisante (date d’ovulation prévue en fonction de l’hormone lutéinisante) s’est produit de un jour avant jusqu’à un jour après le JO-écho.
Tableau 1. Caractéristiques des participantes sélectionnées. Avant d’entrer dans l’étude, les 107 femmes ont rempli un formulaire d’admission qui recueillait les données socio-démographiques principales ainsi que les antécédents obstétriques, gynécologiques et de contraception.
Variables |
n (%) |
Moyenne |
[Écart-type] |
Minimum |
Médiane |
Maximum |
Âge (années) Âge de la ménarche (années) Taille (m) Poids (kg) IMC (kg/m²) Grossesses précédentes 0 1 > Pertes de grossesses précédentes Fumeuse régulière Employée en dehors de la maison Activité sportive Stress pendant l’étude |
36 (33,6) 15 (14) 56 (52,4) 12 (11,2) 12 (11,2) 57 (53,3) 31 (29) 11 (10,3) |
33,13 13,18 1,64 57,31 21,24 1,81 |
[5,86] [1,64] [0,07] [7,90] [2,55] [1,69] |
19 9 1,47 37 17,12 0 |
33,23 13 1,64 56 20,70 2 |
45 17 1,80 80 |
Figure 1. Moyenne des concentrations urinaires d’E1-3-G, de Pd-3α-G, d’hormone folliculo-stimulante (FSH) et d’hormone lutéinisante (LH) par rapport au jour de l’ovulation tel que déterminé par l’échographie (US-DO ou JO-écho). Les concentrations d’hormone ont été tout d’abord exprimées dans les unités les plus courantes (ng/ml, μg/ml, mIU/ml et mIU/ml, respectivement), ajustées à la créatinine, puis transformées en % de la valeur moyenne maximum pour chaque hormone.
Dans 26 autres cycles (9,6 %), le pic d’hormone lutéinisante a précédé le JO-écho de plus d’un jour. Ces 26 cycles ont souvent été de longs cycles présentant un premier pic mineur d’hormone lutéinisante et une ovulation retardée, concomitante avec le pic principal (voir le profil typique présenté dans la Fig. 3a).
Figure 2. Distribution des décalages temporels entre le jour de l’ovulation tel que déterminé par le pic de l’hormone lutéinisante (date d’ovulation prévue en fonction de l’hormone lutéinisante) et tel que déterminé par l’échographie (JO-écho ou US-DO). L’axe vertical indique le nombre réel de cycles. n = le nombre de cycles pour lesquels les deux indices étaient disponibles.
Figure 3. Cas typiques de décalages entre la date d’ovulation prévue selon l’hormone lutéinisante et le JO-écho (US-DO). (a) Pics précoces faibles et tardifs d’hormone lutéinisante ; (b) Pic tardif unique d’hormone lutéinisante.
Dans 62 cycles (22,8 %), la date d’ovulation prévue en fonction de l’hormone lutéinisante s’est produit plus d’un jour après le JO-écho. Dans ces cycles, l’hormone lutéinisante a commencé à augmenter avant le JO-écho mais a continué d’augmenter après l’ovulation (voir le cycle présenté dans la Figure 3b). Dans la plupart des cas, un examen systématique des données du cycle a permis de confirmer le JO-écho à l’aide de la date d’ovulation prévue en fonction du ratio, de la date d’ovulation prévue en fonction de la température basale et de la date d’ovulation attendue en fonction de la glaire cervicale. Très souvent, les pics d’hormone lutéinisante prolongés se sont produits en parallèle d’une augmentation plus lente du pregnanediol.
Nous avons également étudié la distribution des intervalles entre chaque indice indirect d’ovulation (date d’ovulation attendue en fonction de la glaire cervicale, date d’ovulation attendue selon la température basale, date d’ovulation attendue en fonction du ratio, montée de la température basale et montée initiale de l’hormone lutéinisante) et chaque jour de référence (date d’ovulation prévue en fonction de l’hormone lutéinisante et JO-écho). Les résultats sont présentés dans le tableau 2 et la Figure 4. Juste après la montée initiale de l’hormone lutéinisante, qui est naturellement proche de la date d’ovulation prévue en fonction de l’hormone lutéinisante, l’indice le plus proche de la date d’ovulation prévue en fonction de l’hormone lutéinisante était la date d’ovulation prévue en fonction du ratio (d’œstrogène par rapport aux métabolites de progestérone dans les urines) : la différence était d’un jour ou moins dans 76,2 % des cycles. La date d’ovulation attendue en fonction de la glaire cervicale, la date d’ovulation prévue en fonction du ratio et la montée initiale de l’hormone lutéinisante étaient toutes proches du JO-écho dans plus de 72 % des cycles. Les décalages temporels standards entre les différents indices et le JO-écho étaient de 1,6, 2,2 et 2,4 jours pour la date d’ovulation en fonction de la glaire cervicale, la montée initiale de l’hormone lutéinisante, et la date d’ovulation prévue en fonction du ratio, respectivement.
Tableau 2. Qualité des indices d’ovulation
Légende :
Légende :
CM-EDO : jour d’ovulation attendu en fonction de la glaire cervicale
BBT-EDO : jour d’ovulation attendu en fonction de la température basale
LH-EDO : jour d’ovulation attendu en fonction de l’hormone lutéinisante
R-EDO : jour d’ovulation attendu en fonction du ratio
BBT rise : montée de la température basale
LH-IR : montée initiale de l’hormone lutéinisante
Figure 4. Distributions des décalages temporels entre le jour de l’ovulation tel que déterminé par les méthodes de référence (date d’ovulation prévue en fonction de l’hormone lutéinisante et JO-écho) et celui déterminé par cinq méthodes indirectes (date d’ovulation attendue en fonction de la glaire cervicale, date d’ovulation attendue en fonction de la température basale, date d’ovulation attendue en fonction du ratio, montée de la température basale et montée initiale de l’hormone lutéinisante). L’axe vertical indique le nombre réel de cycles. n = le nombre de cycles pour lesquels les deux indices étaient disponibles.
DISCUSSION
Les profils composites de concentrations urinaires quotidiennes d’E1-3-G, de Pd-3α-G, d’hormone folliculo-stimulante et d’hormone lutéinisante ont déjà été décrits par différents auteurs, chez des femmes hypofertiles ou normalement fertiles20-22. Cependant, les descriptions de leurs corrélations temporelles avec le JO-écho ont souvent été basées sur un nombre limité de cycles. À ce jour, notre étude présente le plus grand nombre de cycles pour lesquels les indices échographiques (JO-écho), les indices cliniques (date d’ovulation basée sur la glaire cervicale, date d’ovulation basée sur la température basale) et les indices hormonaux (date d’ovulation prévue en fonction de l’hormone lutéinisante et date d’ovulation basée sur le ratio) ont été déterminés. Étant basée sur un nombre relativement grand de femmes normalement fertiles, cette étude constitue une source de données précieuse.
Les critères échographiques, cliniques et hormonaux pour l’ovulation ont été planifiés et se sont révélés extrêmement homogènes ; ce qui prouve également la valeur de cette étude. En effet, tous les centres de recherche par échographie ont strictement respecté le critère de détection et de détermination de l’ovulation du JO-écho. De plus, les échantillons d’urine ont été centralement analysés pour détecter les concentrations d’hormone, réduisant ainsi la variabilité inter-dosage.
Cependant, malgré toutes les précautions, aucun JO-écho n’a pu être déterminé pour 13 % des cycles, à cause d’une recherche tardive (9 %) ou d’un manque d’assiduité (4 %). Planifier plusieurs recherches par échographie par jour aux périodes appropriées aurait pu réduire ce pourcentage, mais un tel protocole semble être plus aisément réalisable dans des institutions dédiées à la recherche plutôt que dans des centres de planification familiale. En effet, dans le contexte de notre étude, demander davantage de recherche aurait empêché certains centres de participer car cela aurait perturbé leur schéma de fonctionnement habituel de centre d’intervention ; de plus, cela aurait rendu le recrutement de sujets normaux plus difficile dû aux contraintes supplémentaires.
La comparaison des profils urinaires d’hormone que nous avons obtenus avec des profils plasmatiques d’hormone déjà publiés21,23 nous a amenés à remarquer des similarités : 1. Le pic urinaire d’E1-3-G et le pic d’oestradiol plasmatique se sont produit la veille du pic d’hormone lutéinisante charnière ; 2. Le taux de pregnanediol et la progestérone plasmatique ont augmenté conjointement avec le pic d’hormone lutéinisante ; 3. Le pic urinaire d’E1-3-G et le pic d’oestradiol plasmatique ont précédé le pic d’hormone lutéinisante et ont été de plus longue durée ; 4. Le pic d’hormone lutéinisante a duré trois jours ou plus dans les urines et dans le plasma. Néanmoins, il existe certains écarts entre les résultats urinaires et plasmatiques : dans notre étude, le pic d’hormone folliculo-stimulante urinaire de milieu de cycle s’est produit le même jour que le pic d’E1-3-G urinaire, un jour avant le pic d’hormine lutéinisante, ce qui contraste avec les pics plasmatiques concomitants d’hormone folliculo-stimulante et d’hormone lutéinisante. Cela peut être dû au fait que le pic de l’hormone folliculo-stimulante était étroit et le pic de l’hormone lutéinisante était large : l’hormone lutéinisante continuait de monter après l’ovulation dans plusieurs cycles.
La recherche par échographie a été proposée comme méthode de référence afin de prédire le jour de l’ovulation². Cependant, en raison des paramètres techniques et de l’engagement important que cela demande aux sujets, sa mise en œuvre est principalement acceptée par des femmes présentant des problèmes de fertilité importants ou par celles participant à un programme de procréation médicalement assistée, idéalement une insémination artificielle. Pour la grande majorité des praticiens et des femmes intéressées par la détection de l’ovulation, des méthodes moins couteuses, moins chronophages et beaucoup plus faciles à utiliser au quotidien sont nécessaires ; ces méthodes doivent être comparées avec la méthode directe la plus efficace (c’est-à-dire l’échographie).
Parmi les méthodes hormonales que nous avons utilisées pour prédire le jour de l’ovulation, la mesure de la concentration de Pd-3α-G semblait moins fiable que les autres méthodes en raison de son pic tardif et distant par rapport au JO-écho, mais elle reste potentiellement intéressante pour identifier la phase infertile post-ovulatoire. À l’inverse, la E1-3-G et l’hormone folliculo-stimulante ont présenté leur pic le jour de l’ovulation ; elles semblent donc être de très bons indicateurs. En outre, conformément aux résultats des essais de l’OMC en situation réelle3, la date d’ovulation attendue en fonction du ratio était également fiable dans 75 % des cycles et, étant basée sur un rapport de taux d’hormones, n’est pas sujette à des écarts de concentration dans les urines et ne nécessite donc pas d’ajustement à la créatinine24.
Cependant, les tests de Pd-3α-G, E1-3-G et d’hormone folliculo-stimulante sont encore chers, moins facilement disponibles sous forme de kits à domicile et essentiellement effectués par du personnel de laboratoire qualifié. Leur usage se limite donc encore à des programmes de procréation médicalement assistée. Il existe une forte attente pour des tests à domicile bon marché mesurant le ratio des taux de Pd-3α-G/E1-3-G.
Nos résultats ont montré que le JO-écho et la date d’ovulation attendue en fonction de l’hormone lutéinisante peuvent être considérés comme équivalents en moyenne. Néanmoins, si nous considérons le JO-écho +/- 1 jour comme une estimation juste du jour de l’ovulation, la montée initiale de l’hormone lutéinisante est apparue plus efficace que le pic d’hormone lutéinisante per se (77 % contre 67 % des cycles). Cela corrobore les affirmations précédentes sur l’importance de la montée initiale de l’hormone lutéinisante dans l’estimation du jour de l’ovulation25,26. Prises ensemble, la détection de la montée initiale de l’hormone lutéinisante et la surveillance du pic de l’hormone lutéinisante peuvent offrir une stratégie assez fiable pour prédire l’ovulation dans près de 90 % des cycles normaux, y compris les cycles longs. Cette méthode combinée peut donc être recommandée afin de planifier une grossesse naturelle ou médicalement assistée mais pas pour éviter une grossesse27. En outre, le test de l’hormone lutéinisante est relativement abordable et facilement réalisable à domicile.
Le nadir ou la montée de la température basale ne semble pas fiables de façon satisfaisante car le premier précédait souvent le JO-écho, tandis que la montée suivait souvent le JO-écho ou la date d’ovulation attendue en fonction de l’hormone lutéinisante de plus de deux jours (JO-écho +/- 1 jour dans près de 13 % contre Date d’ovulation attendue en fonction de l’hormone lutéinisante +/- 1 jour dans près de 23 % des cycles). Un taux d’erreur de 6,8 à 9,5 % semblait inhérent à l’utilisation de cette méthode pour déterminer l’état ovulatoire de femmes en bonne santé14. À l’inverse, le symptôme du pic de glaire cervicale était beaucoup plus proche du JO-écho ou de la date d’ovulation attendue en fonction de l’hormone lutéinisante (JO-écho +/- 1 jour dans près de 75 % des cycles comparé à la date d’ovulation attendue en fonction de l’hormone lutéinisante +/- 1 jour dans près de 70 % des cycles). L’avantage de l’auto-identification du signe de pic de glaire cervicale par rapport à l’autosurveillance de la température basale a été déjà été démontré19. Donc, comme cela déjà été énoncé19,20,23, le signe de pic de glaire cervicale peut être un signe clinique intéressant afin de détecter l’ovulation. La méthode peut être utilisée de façon pratique par les femmes à leur domicile pour une planification familiale modérément rigoureuse ou simple.
CONCLUSION
Les résultats de cette étude, ainsi que les résultats précédemment publiés, établissent clairement une très grande corrélation entre la date d’ovulation attendue en fonction de l’hormone lutéinisante et le JO-écho. Néanmoins, dans un nombre non-négligeable de cycles, ces deux indicateurs ne correspondaient pas. C’est pourquoi nous pensons que la montée initiale de l’hormone lutéinisante peut être un meilleur indicateur d’ovulation que le pic de l’hormone lutéinisante lui-même. De plus, nos recherches confirment le rôle intéressant du signe de pic de glaire cervicale ainsi que celui du ratio d’œstrogène par rapport aux métabolites de progestérone dans les urines comme indicateurs de l’ovulation. Cependant, ces deux méthodes diffèrent considérablement en ce qui concerne leur but, leur coût et leurs paramètres de mise en place.
British Journal of Obstetrics and Gynaecology
Août 2001, Vol. 108, pp. 822±829article original : https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1471-0528.2001.00194.x?fbclid=IwAR3IMq8jk9OhZEYOvnCo3vliY5lUouG2s1zv_J0zbXT9LAZn6VjcUcU1-d0 «
Remerciements
Les auteurs souhaitent remercier Drs S. Dubus, A. Leduy, I. Ecochard, M. Grisard Capelle, E. Barranco, M. Barbato, S. Girotto et M. Gimmler des cliniques de planification familiale naturelle, ainsi que toutes les femmes qui ont participé à cette étude. Nous remercions également Dr J. Iwaz, PhD, conseiller scientifique, pour ses suggestions et ses critiques du manuscrit. Cette étude a été partiellement soutenue par Quidel Corporation, San Diego, California, USA.
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Accepté le 5 février 2001